AVRIC TOUVIF, DIT "LE CHASTE"

Né de parents fermiers, Avric a toujours été bercé par les légendes chevaleresques que son père lui contait au coin du feu. Il s’émerveillait de ces héros révolus qui avaient jadis combattu le Mal avec pugnacité.

Il ne pouvait imaginer qu’il s’agissait de chimères et que ces actes de bravoure aient été enjolivés et colportés par quelques bardes de passage. Malgré sa modeste engeance, il ne rêvait que de péripéties et qu’un jour, un troubadour puisse chanter ses propres aventures !

C’est ainsi qu’à l’aube de son âge adulte, alors que ses parents voulaient le marier, il décida de se consacrer à l’aide des autres. Il rejeta ses prétendantes, préférant vagabonder de villages en villages, au grand désarroi de ses parents. Il avait la certitude que le destin l’emmènerait combattre quelques démons et secourir les démunis.

Quelle ne fut pas sa déception… Livré à lui-même, non entrainé, il luttait chaque jour pour gagner quelques piécettes et s’offrir une infâme pitance. Il dormait souvent à la belle étoile et n’avait que peu le loisir de s’offrir un bain. Très vite, il sombra dans la mendicité. L’insalubrité et l’insécurité devinrent son lot quotidien. Il luttait presque chaque jour contre quelques poivrots avinés qui lui cherchaient querelle ou souhaitaient lui dérober ses maigres possessions.

Il aurait pu retourner chez ses parents et suivre la voie toute tracée d’une vie agricole, avec une femme qui lui donnerait assurément une descendance. Mais il préférait s’accrocher à ses rêves… Ce monde avait encore besoin de héro. Il serait l’un d’entre eux !

La délivrance survint par un homme en robe de bure qui lui proposa le gite et le couvert le temps qu’il se remette de cette vie de vagabond. L’homme, nommé Aegon, l’accueillit dans l’enceinte monastique où il faisait bon vivre. Très vite Avric fut accepté, ses connaissances en maraîchage lui permettant de cultiver les légumes pour les repas à l’abbaye. Il fut présenté à la prêtresse, nommée Aurora, qui, voyant la pureté de son âme, lui proposa d’entamer une formation de disciple.

Peu versé dans la religion, Avric accepta, néanmoins avec scepticisme. Lorsqu’il ressentit, un soir de prière, la puissance divine s’infiltrer en lui, lui susurrer du réconfort à l’oreille, il comprit alors qu’il avait été choisi par Epiphène, déesse de la Justice, dont dépendait son ordre.

Durant quelques années, il apprit à canaliser ce pouvoir divin qui émanait de lui, tout en s’entrainant nuit et jour au maniement de la masse et du bouclier. Ses aptitudes étaient incontestables. C’était peut-être là, sa voie, celle qu’il recherchait depuis tant d’années.

- Cher Avric, lança Aurora, un matin, après la prière. Ta formation ici est terminée. Il est temps pour toi de faire le bien, sous l’œil bienveillant d’Epiphène.
- Croyez-vous que je sois prêt ? Dit-il, incrédule.
- Tu l’es depuis bien longtemps, cher disciple, répondit-elle avec un sourire accueillant.
Ce dernier s’estompa.
- Le mal gronde au dehors de nos remparts, dit-elle tristement. Eliza et Mérick étendent leurs empreintes nauséabondes sur nos terres. Et pas plus tard qu'hier, nos provisions ont été pillées par les gobelins, sans doute à la solde de Mérick. Un groupe d’aventuriers se bat pour restaurer le calme dans les environs. Je pense qu’il est grand temps pour toi de t’extraire de ta chrysalide pour voler de tes propres ailes. Tes aptitudes pourront sans aucun doute les aider dans cette quête. Sache qu'Epiphène sera là pour veiller sur toi.

C’est ainsi que Avric Touvif, dit « le chaste » (*) rencontra un groupe éclectique composé d’un nain guerrier, d’une elfe rodeuse et d’une orque peu amène, versé dans les arts occultes. Ils acceptèrent qu’il les accompagne pour tenter de récupérer les provisions du monastère auprès des gobelins. C’était l’occasion rêvée pour lui d’entamer cette vie d’aventurier auquel il avait toujours rêvé et qui sait... parviendrait-il à défaire le Mal engendré par Eliza et Mérick.

(*) : les disciples d’Epiphène se doivent de faire vœu de chasteté.